Transgéniquement vôtre !
L’ANNÉE 2008 a été l’année du Rat, 2009 sera celle du saumon transgénique. De Vladivostok à Ushuaia, on s’active pour nous mettre dans l’assiette du poisson génétiquement modifié. Dans une étude qui vient d’être publiée par la revue scientifique « Environmental Science & Policy », une équipe de chercheurs franco-canadiens nous raconte qu’une trentaine d’espèces de poissons, langoustes et autres crevettes jouent actuellement les cobayes. Pour l’instant c’est le saumon qui tient la corde. Le poisson le plus consommé de la planète, avec un chiffre d’affaires mondial qui dépasse les 3,5 milliards de dollars. La firme américaine Aqua Bounty Technologies a eu la lumineuse idée d’introduire dans le patrimoine génétique d’un saumon d’Atlantique un brin d’ADN piqué à un autre poisson, une espèce d’eau froide qui a le don de fabriquer une protéine antigel ». Résultat le saumon, qui d’ordinaire arrête de grandir en hiver, continue sa croissance comme si de rien n’était. Au point d’atteindre son poids de vente deux fois plus vite ! Le hic est que « frankenfish », comme l’appellent les écolos, est élevé dans des cages en haute mer et qu’il pourrait s’échapper — ça arrive souvent dans les élevages —, avec le risque de refiler ses gènes aux saumons sauvages (personne n’a encore réussi à rendre stériles à cent pour cent les poissons génétiquement bidouillés). Et les auteurs de l’étude de rappeler cette amusante simulation si vous plongez 60 saumons transgéniques au milieu de 60000 sauvages, ces derniers disparaissent en 40 générations. Ajoutez à cela que la bestiole est agressive et vorace jusqu’à en être cannibale. Cela n’empêche en rien Aqua Bounty Technologies d’annoncer qu’elle pourrait commercialiser dès cette année aux Etats-Unis, avec le feu vert des autorités sanitaires, son saumon transgénique. Les risques, on s’en fish !
07/01/2009