Une histoire d’oseille
ON nous l’a suffisamment rabâché. Pour avoir la santé, Il faut avaler au mains cinq fruits et légumes par jour. Mais ça demande de plus en plus d’oseille. L’association Familles rurales (1 80 000 foyers) vient en effet de calculer qu’un couple disposant d’un smic avec deux enfants devait dépenser 12,6 % de ses revenus (131 euros par mois) pour ingurgiter les 400 grammes quotidiens de fruits et légumes recommandés par le ministère de la Santé. Une enquête qui a donné de l’urticaire à lnterfel, le lobby des fruits et légumes. Lequel a aussitôt bombardé les rédactions d’un communiqué de presse intitulé «Vérité sur le prix des fruits et légumes», où l’on apprenait avec soulagement qu’un couple avec deux enfants ne dépensait « que » 7% du smic pour remplir son cabas bien comme il faut. Mais, bizarrement, pas de réponse à la question qui fâche : pourquoi les prix des fruits et des légumes ont-ils grimpé, en un an, respectivement de 10,5% et 15% ? C’est alors que l’on se souvient que le président du Programme national nutrition santé PNNS) avait proposé, il y a deux ans, d’offrir aux 5 millions de Français les plus pauvres des coupons repas pour se payer des fruits et légumes. Il faut dire que la mission du (PNNS) est justement de lutter contre les maladies liées à la mal-bouffe. Une idée généreuse que Xavier Bertrand, notre ministre du Travail et de la Solidarité, qui officiait à l’époque à la Santé, avait discrètement envoyée à la trappe. Au grand soulagement de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution, qui devaient financer la mesure, en s’acquittant chaque année d’une taxe de 500 millions d’euros (à peine 0,1 % de leur chiffre d’affaires). De là à imaginer que, pour Sarko, les pauvres comptent pour des prunes...